Nouvelle balade en ville (Pv Sakaï) terminé

Elle venait de passer ses bras autour de son coup. Sakaï ferma les yeux et resta immobile. Quel était ce sentiment étrange de bien-être incertain ? Le tout mêlé à la peur atroce que tout cela disparaisse. Et il faut si peu de choses pour réduire une émotion au néant, et si peu de temps pour que cela se produise...

Elle l'embrassa au coin des lèvres. Un frisson de surprise le parcouru et il ouvrit les yeux pour la même raison. Son regard croisa celui d'Anya mais il le détourna aussitôt. Il s'en voulait de n'avoir ni la force, ni l'envie de la repousser. Elle lui dit qu'elle voulait rester là, qu'elle était bien avec lui.

L'odeur de bière qui émanait d'elle le ramena à la réalité. Elle avait bu... Savait-elle au moins ce qu'elle faisait ? Lui n'avait aucune idée de l'épaisseur du brouillard dans lequel elle se trouvait à présent. En conséquent, il ne pouvait pas la laisser agir d'une façon qu'elle regretterai sûrement le lendemain, lorsqu'elle aurait l'esprit plus clair. Et puis, même si ce n'était pas le cas, même si elle était parfaitement lucide, cette excuse était la seule qu'il possédait pour l'instant. Pas une excuse pour Anya, mais une excuse pour lui même, afin de trouver la force de se pardonner ce qu'il allait faire.

-Il est tard Anya... Il faut rentrer...

Sa voix s'était faite chuchotement. Il avait ainsi l'impression de ne pas casser la magie de l'instant. Ça, il le ferait dans les secondes à venir, lorsqu'il se libérerai de son étreinte.

Son esprit était un peu embrouillé, elle le sentait confusément. Elle sentait que Sakaï résistait. Il chuchota, lui expliquant comme à une enfant qu'il était tard. Du moins c'est l'impression que le jeune homme lui donnait. Elle serait certainement incapable de rentrer seule. Rentrer... Elle n'en avait toujours pas envie. Elle effleura la joue de Sakaï. Avait-il vraiment envie de rentrer lui aussi? Elle plongea son regard dans celui de Sakaï, du moins elle essaya. Il évitait de la regarder.

*Des lunettes. Il faudrait en trouver une nouvelle paire. Ca lui ferait plaisir...*

Elle pensait à l'atmosphère lourd et pesant du lycée alors qu'elle venait de quitter un endroit assez sympathique. Elle fit la moue. Elle signa:

- J'ai pas envie de rentrer. On est mieux dehors, tu ne trouves pas?

Ses bras se dénouèrent, relâchant l'étreinte. Ses doigts enlacèrent la main de Sakaï, se remettant à marcher un peu plus loin. Où? Elle n'en avait aucune idée.

-T'm'emmènes où là ?

Malgré ses mots, ses jambes n'opposèrent aucune résistance et il se laissa entraîner à la suite d'Anya, peut-être sans réellement sans apercevoir, ou à l'inverse, en ayant conscience, sans pouvoir s'opposer à cela. Un peu comme si son esprit était contrôlé par la raison, et son corps par une autre force, plus grande, plus puissante, si bien qu'il n'osait la nommer.

Puis finalement, brusquement, il se stoppa. Il tira doucement Anya vers lui, et fit un acte qui pouvait en surprendre plus d'un lorsqu'on connaissait le personnage qu'était Sakaï : il l'enlaça. Un réconfort soudain l'envahit, et il lâcha ses quelques mots :

-S'il te plaît, Anya...

Cela ne dura pas plus de quelques secondes, une dizaine, peut-être une vingtaine. Déjà, il la relâchait. Tout ce qu'il désirait, c'était la ramener au pensionnat. C'était sûrement prendre pour une nuit l'image d'un rabat-joie, un monstre d'égoïsme, manipulateur ou quelque chose du genre. Mais c'était une figure qu'il pensait nécessaire de porter dans une telle situation.

-Rentrons...

Il n'allait rien faire contre un refus, c'était sa voix qui le disait pour lui. Ses yeux fixaient ses pieds, comme un signe de résignation car il pensait déjà connaître la réponse.

L'air frais lui faisait un bien fou, comme apaisant le feu ardent qui la consumait. Elle était bien, et heureuse, Sakaï la suivant, n'essayant nullement de la retenir. Puis brusquement, elle sentit comme un frein, et jetant un coup d'oeil derrière elle, s'aperçut que c'était le jeune homme qui avait brusquement ralentit. Que voulait-il? Tout doucement, comme dans un rêve, Sakaï l'attira à lui et l'enlaça, presque tendrement. Malheureusement, cela ne lui sembla durer que quelques secondes, avant qu'il ne relâche son étreinte. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait dans sa tête. Il était parfois très doux, puis brusquement très froid, comme si il ne voulait pas que quelqu'un le surprenne dans un instant de faiblesse et de tendresse. Doucement il la supplia de rentrer. Il semblait en avoir vraiment envie. Il baissa les yeux, comme évitant son regard. Elle lui releva doucement le visage essayant de lire dans ses yeux une réponse, un signe, quelque chose qui puisse lui indiquer ce qu'elle avait à faire, ou à dire.
Finalement elle le prit par la main et reprit la route du pensionnat.